Une journée avec Laurent Wauquiez
Pour la quinzième fois de l'été, le secrétaire d'Etat à l'Emploi a consacré plusieurs heures, mercredi 18 août, à la visite d'une agence Pôle Emploi, en Haute-Normandie, une région particulièrement touchée par le chômage. Récit.
Ce 18 août , l'équipe Pôle Emploi de Dieppe-Sussex est en ébullition lorsque le secrétaire d'Etat à l'Emploi sort de sa voiture avec chauffeur. Arrivé directement de sa résidence de vacances en Belgique, le maire du Puy-en-Velay sillonne les routes de France et prépare la rentrée. C'est sa 15ème visite sur le terrain depuis le 28 juillet. Quatre heures top chrono pour écouter, discuter, convaincre. Une stratégie de communication bien rodée, qui lui permet de rester visible, malgré l'ombre de Christian Estrosi et Brice Hortefeux, grands animateurs de l'été du côté de la majorité.
A 10h30 , Laurent Wauquiez est accueilli par une cohorte de fonctionnaires sur leur 31, postés sur le parking de l'agence, perdue aux abords d'une zone industrielle. A peine entré dans le hall réservé aux usagers, il interroge un couple, pris en charge quelques minutes plus tôt par un employé pour évoquer un problème de trop perçu : "Avez-vous pris un rendez-vous avant d'arriver ?" "Non, l'accueil à été immédiat", répond le mari, quelque peu surpris par cette intrusion. Laurent Wauquiez sourit, visiblement satisfait. Pendant un quart d'heure, il tente de se fondre dans la masse, interpelle les clients et navigue entre les différents espaces ouverts aux chômeurs, le tout sous l'oeil un tantinet crispé de la directrice d'agence et du directeur régional.
Après un premier échange avec une conseillère, qu'il invite à participer au déjeuner, Laurent Wauquiez s'assoit à côté d'une jeune femme qui patiente : "Pourquoi êtes vous venue ici ? Quelle est votre situation ?" A peine le temps de répondre, la directrice s'interpose : heureux hasard, c'est précisément cette demandeuse d'emploi qui va effectuer ses entretiens en présence du secrétaire d'Etat, qu'elle n'a manifestement pas reconnu. "Mon copain n'en reviendra pas quand il apprendra ça !" Pas vraiment impressionnée, Muriel, qui habite Tourville-sur-Arques, à quelques kilomètres de là, s'installe et le "tête à tête" débute. Une chance, son dossier est très bien ficelé et son cas a été rapidement traité par l'agence. Arrivée il y a une semaine de la Réunion, cette jeune femme s'était inscrite en ligne depuis l'île. Pour Laurent Wauquiez, c'est l'illustration parfaite des efforts accomplis sur la réduction des délais de traitement : "Il y a quelques années, une situation comme celle-là était tout simplement inimaginable !"
Simplifier, assouplir, dématérialiser, fluidifier... le secrétaire d'Etat ne manque pas une occasion de rappeler les objectifs prioritaires de la fusion ANPE-Assedic, effective depuis janvier 2009. Cela tombe bien, car en matière de modernité et d'informatique, l'agence de Dieppe est plutôt en avance, avec 60% des demandes d'inscription effectuées sur Internet.
Face à des conseillers plus intimidés que les chômeurs, Laurent Wauquiez consulte les documents qui transitent sur les tables, plaisante et prodigue ses conseils : "Il faut casser le culte du CV, faire des entretiens en simulation, des évaluations en milieu de travail." Puis il s'éclipse discrètement pour s'enfermer dans une salle avec un groupe de syndicalistes.
Ceux-là ne seront pas du déjeuner, qui réunit, à 13h30, une dizaine d'employés autour d'un plateau repas, dans l'agence spécialisée située à quelques mètres de là. Après quelques minutes de flottement, et alors que le politique a retroussé ses manches, la tension redescend et les langues se délient. Entre autres sujets de débat : les conséquences de la fusion, les délais d'indemnisation, les relations avec les entreprises... Rui Lopes, le directeur régional de Pôle Emploi, reconnaît travailler dans un "bassin d'emploi difficile", avec des situations préoccupantes pour les ouvriers professionnels qualifiés. Suite à une hausse récente des inscriptions, un conseiller pointe le problème des chômeurs qui ne se présentent pas aux rendez-vous. Laurent Wauquiez reste ferme: "Le Pôle Emploi, ce n'est pas la boîte du Père Noël. [...] Ne pas venir à un rendez-vous est très grave." Au passage, il signifie tout de même son souhait de voir diminuer le nombre de radiations.
"Prête à tout"
Trois-quarts d'heure plus tard , et pour la première fois depuis le début de son marathon estival, Laurent Wauquiez assiste à un exercice de recrutement pour équipiers polyvalents, en présence d'un employeur de la chaîne de fast-food Quick. Surpris, les neuf postulants ne réagissent pas vraiment lorsque l'homme en costume cravate se présente comme ministre de l'Emploi. Sous son regard attentif, les simulations commencent. Pas vraiment le temps de s'attarder, car le programme prévoit déjà la dernière étape de la visite : le suivi d'un entretien d'adhésion au contrat de transition professionnelle (CTP). Une quinquagénaire, dont le mari est à la retraite, prépare sa reconversion. Elle avoue ses lacunes en informatique, mais se dit "prête à tout" pour retrouver une activité. "Nous arrivons à vendre les compétences des quinquas, mais nous manquons de mesures incitatives", déplore Laurent Wauquiez.
Tout au long de la journée, le sémillant trentenaire martèle ses messages : il faut améliorer le service aux usagers et les relations avec les entreprises. Il évoque également des mesures à venir pour le retour à l'emploi des seniors, avec le tutorat, et l'aide à la création d'entreprise, avec le coaching. Il donne enfin des détails sur la grande concertation qui sera lancée début septembre et qui prévoit l'envoi de questionnaires à 500 000 usagers de Pôle Emploi et 50 000 entreprises.
A 14h40 , Laurent Wauquiez s'engouffre dans sa voiture. Drôles de vacances tout de même. Reste sans doute le secret espoir pour le jeune secrétaire d'Etat qu'une telle mobilisation n'aura pas été inutile à l'heure du remaniement.
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