prix du blé: "la hausse devrait se stabiliser à l'automne"
prix du blé: "la hausse devrait se stabiliser à l'automne"
La canicule qui frappe la Russie depuis plusieurs semaines a provoqué une envolée des cours du blé. Faut-il craindre des conséquences importantes sur certains prix à la consommation ?
Frappée par une sécheresse sans précédent, la Russie, troisième exportateur mondial de blé, annonçait jeudi dernier l'embargo sur ses exportations jusqu'au mois de décembre. En à peine un mois, le cours du blé sur les marchés internationaux s'est envolé et a frôlé les 240 € la tonne, son niveau record de 2007.
Par effet d'entraînement, le cours des autres céréales (orge, maïs..) a également augmenté ces dernières semaines. Conséquence : l'alimentation du bétail devrait se renchérir ce qui, à terme, pourrait conduire à une hausse des prix de la viande. Selon Agritel, ils "devraient croître de 6 à 10 %, et même de 10 % à 15 % pour le poulet dès septembre". De même, le prix de la farine se serait déjà fortement apprécié.
Pascal Hurbault, de l'Association générale des producteurs de blé, et Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières, nous livrent leur analyse.
En à peine un mois, le prix du blé à augmenté de plus de 70 % sur Euronext : est-ce inquiétant ?
Philippe Chalmin : Le troisième exportateur mondial de blé a annoncé un embargo sur ses exportations, cette situation n'a donc rien d'étonnant. Il faut prendre ces mouvements sur le marché comme des anticipations. La Russie a diminué de moitié sa production cette année : le marché mondial est déficitaire, les prix ont logiquement augmenté.
Pascal Hurbault : La situation en Russie est préoccupante, mais aujourd'hui, les schémas ont changé. Dans le passé, les reculs de production n'avaient pas provoqué un tel emballement sur les marchés. Les pénuries survenues en 2007-2008 constituent un précédent important, il y a donc des précautions à prendre, mais parfois ces anticipations se révèlent exagérées. Heureusement, grâce aux récoltes précédentes, plutôt bonnes, le niveau des stocks mondiaux reste important : 193 millions de tonnes au 30 juin 2010, selon le Conseil international des céréales (CIC).
Les prix de la viande et du pain risquent-ils d'augmenter ?
P.C : Il serait d'une illégitimité totale que les boulangers augmentent le prix de la baguette. L'impact de l'envolée des cours du blé est très faible pour les boulangers, cela ne représente que 2 ou 3 centimes par baguette. De même sur les produits carnés : les porcs et les poulets ne mangent pas de blé, mais comme le prix de la viande en général est déprimé, certains distributeurs vont en profiter.
P.H : Le blé ne représente qu'une part relativement faible du prix de la baguette, les effets resteront minimes. En revanche, le prix des pâtes, dont la fabrication requiert beaucoup de blé, devrait être plus significativement impacté.
Peut-on s'attendre à un retour à la normale rapidement ?
P.C : Cette sécheresse intervient dans un contexte de crise agricole, les effets sont donc amplifiés. Toutefois, le marché a raisonné à partir de l'embargo: une fois que les incendies seront terminés et que l'on connaitra les chiffres sur les récoltes russes, la tension va redescendre. La hausse devrait se stabiliser à l'automne.
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