mercredi 21 juillet 2010

jeudi 8 juillet 2010

Production et commerce dans l'Union: il faut augmenter la productivité et les efforts de recherche !

Harald Von Witzke, professeur à l’Université Humboldt de Berlin, présentait mercredi les résultats de son étude* sur la rareté des terres agricoles à la SAF-Agriculteurs de France.
La méthode de l'universitaire allemand est originale : en se basant sur le concept de terre virtuelle, il propose une vision plus concrète de l'importance du commerce international agricole. Le calcul de ces terres virtuelles est fondé sur une correspondance « quantité produite/nombre d'hectares ». Ainsi, en important des matières premières agricoles, c'est un peu comme si l'Europe cultivait directement en Afrique, en Asie, en Amérique... A l'inverse, lorsqu'elle exporte ses produits, l'UE consacre une partie de ses terres à la demande de ses clients.
Cette approche a permis à Von Witzke d'examiner le développement du commerce agricole entre 1999 et 2008, et d'évaluer la superficie des terres cultivées hors UE pour répondre à la demande européenne en produits alimentaires et en biocarburants.
Les chiffres dévoilés en conclusion de l'étude sont préoccupants: l'UE a importé en 2007-2008 l'équivalent de 35 millions d'hectares de terres arables, ce qui correspond au territoire allemand. Entre 1999-2000 et 2007-2008, les importations nettes de terres arables ont augmenté de 40 %, soit près de 10 millions d'hectares, ce qui correspond à la superficie du Portugal ou de la Hongrie.. ;
Le rapport examine trois scénarios pour évaluer dans quelle mesure des changements de technologie et de politique pourraient avoir un effet sur le commerce des terres agricoles dans l'Union :
- une augmentation de la productivité d'environ 0,5% par an.
- une expansion de l' agriculture biologique de 20 % sur le territoire européen.
- une norme européenne de production de biocarburants : 10% d'énergies renouvelables.
Au final, il apparaît que le développement de l'agriculture biologique et des cultures énergétiques participerait à l’augmentation des importations de terre, de respectivement 10 et 3 millions d’hectares par rapport à la configuration actuelle. En revanche, l’augmentation des rendements permet de diminuer l’ « empreinte foncière » de l’Europe de 5 millions d’hectares. Pour garantir à la fois la sécurité alimentaire et la préservation des ressources naturelles, l’augmentation de la productivité semble donc inévitable et permettrait d'économiser des terres, de nourrir une population mondiale toujours plus croissante, de lutter contre le réchauffement climatique, de préserver des habitats naturels... L'autre recommandation du professeur Von Witzke est d'investir massivement dans les infrastructures agricoles des pays en développement, leur permettant ainsi d'augmenter également leurs rendements agricoles, et d'éviter une utilisation excessive de pesticides.

L'étude est intitulée : « Production et commerce agricoles de l'Union Européenne : quelles pistes pour éviter la poursuite de la course aux terres agricoles hors d'Europe ? »