vendredi 6 mars 2015

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jeudi 27 novembre 2014

Sécheresse : faut-il s'inquiéter ?

La station de captation Jaguari - système Cantareira (source Nacho Doce/Reuters)
PUBLIÉ DANS 'LE PETIT JOURNAL/São Paulo'.
La région de São Paulo connaît une sécheresse préoccupante, la plus importante depuis 80 ans. La saison des pluies n’a pas apporté suffisamment d’eau cette année, et les températures élevées ont accéléré l’évaporation de l’eau dans les barrages.

Les précipitations du mois de novembre ne devraient pas suffire à faire augmenter significativement le niveau des barrages qui alimentent en eau la région de São Paulo, la plus peuplée et la plus développée du pays. Le 27 novembre, soit le 225ème jour consécutif sans élévation du niveau global des réserves, l’eau dans le système Cantareira n'atteignait que 9,1 % de la capacité de stockage. Jusqu’ici, selon les estimations de la Sabesp, 134,9 millimètres l’eau sont tombés en novembre, pour une moyenne historique établie à 161,2 mm.


Cliquer pour agrandir
source : www.mananciais.org.br 
Le système Cantareira est une des plus grandes installations de captation d’eau de pluie, de traitement et de stockage d’eau au monde. Il fournit de l’eau potable à 8,8 millions de clients de la Sabesp, une entreprise gestionnaire privée (la plus importante de la région de São Paulo).

Cantareira est composé de 6 gigantesques barrages reliés entre eux par un réseau de canalisations, de tunnels et d’une station de pompage. Sa zone de drainage est immense et s’étend jusqu’au sud de l’état de Minais Gerais.

Le système est aujourd’hui critiqué : mal géré, surchargé, il serait notamment inadapté pour gérer les anciennes réserves d’eau.

Mi-novembre, une partie de l’eau située sous le niveau des portes des écluses, considérée comme le dernier recours disponible, avait été déversée dans la réserve technique de Cantareira, soit 105 milliards de litres venant s’ajouter aux 182 milliards déjà emmagasinés dans le système. Une première partie de ces réserves avait déjà été pompée le 16 mai dernier.

Les autres sources d’approvisionnement en eau de la région sont également en train de se tarir. Le niveau du réservoir d’Alto Tietê, malgré une légère amélioration, reste autour de 5,8 %. À Guarapiranga, dans la zone sud de la capitale, les récentes pluies intenses ont fait remonter les niveaux à 33,4 %, après plusieurs semaines de stagnation. Avec Cantareira, ces trois systèmes fournissent en eau près de 16 millions de brésiliens.

Les conséquences

De nombreux cas de coupures d’eau ont été enregistrés à São Paulo, et l’eau a déjà été rationnée dans certaines villes de l’état (Casa Branca, Cristais Paulista, Olimpia…)

Les retombées économiques à long terme de cette crise restent difficiles à calculer, mais la Sabesp prépare déjà un réajustement à la hausse des prix de l’eau pour le mois de décembre (au moins de 4,4 %).

Les pluies récentes devraient empêcher une panne générale du système, et le gouverneur de Sao Paulo, Geraldo Alckmin, a annoncé la construction d’une usine de réutilisation de l’eau et de nouveaux réservoirs de stockage. Suffisant ? Certainement pas.

Avec la constante progression de la demande d’eau dans le pays, cette sécheresse - que de nombreux experts climatologues associent directement à la déforestation de l’Amazonie - n’a pas fini de faire couler de l’encre.

Pour savoir s’il a plu aujourd’hui dans la Cantareira : www.choveunacantareira.com


mercredi 12 novembre 2014

Les défis du second mandat Rousseff


Photo Evaristo Sa. AFP

Le Brésil s’est réveillé le 27 octobre 2014 avec la même Présidente et le même parti, au pouvoir depuis 12 ans. Qu’est-ce qui peut changer ? Quels sont les enjeux ?

Le suspense aura été de courte durée pendant ces élections, et la seule surprise a finalement été l’élimination au premier tour de la candidate écologiste (PSB) Marina Silva, trop tendre pour atteindre la deuxième marche.

Le second tour a été mouvementé et le résultat très étriqué. Le Partido dos Trabalhadores (PT) de Dilma Rousseff s'est imposé avec 51,64% des voix: le scrutin le plus serré depuis la première élection présidentielle au suffrage direct de 1989, après la dictature militaire.

L’emprise du PT

Il y a 4 ans, Mme Rousseff avait pris les rênes du pays avec une croissance de 7,5%, héritage des années Lula. L’ancien président, pendant ses deux mandats, avait sorti 29 millions de Brésiliens de l’extrême pauvreté et favorisé l’accès au crédit, augmentant ainsi le pouvoir d’achat de millions de citoyens.

A l’actif de Dilma Rousseff pour son premier mandat : une augmentation des bas salaires et une baisse du chômage jusqu’à un plus bas niveau historique de 4,9 % en avril 2014.

Les problèmes actuels

En premier lieu, les comptes publics se sont passablement dégradés en 2014, en raison notamment des élections présidentielles : les dépenses ont augmenté près de deux fois plus que les recettes lors des neuf premiers mois de l’année, par rapport à la même période sur 2013.

Des indicateurs économiques pas franchement rassurants.
Le Brésil est entré en récession au premier semestre 2014, et devrait connaître sur l’ensemble de l’année une croissance quasi-nulle, évaluée à 0,7 % par Brasilia. L’horizon est à peine plus dégagé pour 2015, avec une prévision de croissance à 1,7 % et des destructions d’emploi en perspective.

Cette perte de vitesse a plusieurs origines. Tout d’abord, le pays est pénalisé par la chute des cours mondiaux des matières premières, qui provoque une baisse plus que significative des exportations. Rappelons que le Brésil est leader mondial dans l’exportation de soja, de sucre, d'éthanol, de boeuf, de poulet, de jus d'orange... Cette baisse des prix mondiaux a donc des conséquences catastrophiques sur la balance commerciale du pays.

Le secteur industriel est également à la peine. Dans l’automobile par exemple, la production s’essouffle: l’Anfavea, la principale association de constructeurs du pays, anticipe une baisse de 10 % de la production de véhicules en 2014, et un recul des exportations de 29 %...

L’inflation, de son côté, ne cesse de progresser, atteignant 6,6 % en septembre, un chiffre au delà de la limite définie par les autorités. Pour y faire face, la Banque centrale brésilienne avait surpris les marchés trois jours après la réélection de Dilma, en relevant son taux directeur de 11% à 11,25%.
C'est une des conséquences directes de l’inflation : le pouvoir d'achat diminue et la pauvreté regagne du terrainSelon l’Ipea, l’organe officiel de recherche économique appliquée, le nombre de très pauvres, dits ‘miseraveis’ (qui vivent avec moins de 70 reais par mois, soit un peu plus de 20 euros), est reparti à la hausse après 10 ans de baisse consécutives, passant de 3,6 % de la population en 2012 à 4 % en 2013.

L’institut privé Iets (Instituto de estudos do trabalho e sociedades), a calculé de son côté un nombre de ‘miséraveis’ autour de 6,1 % de la population.

En cause: l’épuisement du programme de ‘transfert de revenu’ (transferencia de renda), qui permet de distribuer 100 reais par mois et par personne aux plus démunis, instauré par Lula dans le cadre du fameux ‘Programa Bolsa Familia’. Ce programme de revenu minimum n’arriverait plus aujourd’hui à atteindre les couches les plus pauvres, les fameux 4 % de miseraveis. Surtout, l’inquiétude se porte désormais sur l’après Bolsa Familia : quelles aides pour les jeunes qui ont bénéficié des bourses pour leurs études ? Que vont ils faire après ?

Enfin, la classe moyenne se sent aujourd’hui délaissée, et reproche au PT des programmes destinés à s’assurer les votes des plus pauvres, mais sans véritable portée économique.

La variable politique

Les élections ont mis en lumière une séparation du Brésil en deux. D’un côté, les classes populaires, et notamment le Nordeste, en faveur de Dilma Rousseff. De l’autre, les brésiliens plus aisés pour le sénateur et candidat dit "du changement" Aécio Nieves. Celui-ci promettait un tournant libéral de l'économie, et s’est rapidement fait remarquer dans son premier discours post-défaite. Aécio Nieves a prévenu qu’il faudrait compter sur une forte opposition, insistant sur trois engagements fondamentaux
-la protection des libertés, et plus particulièrement celle de l’entreprise
-la transparence dans l’administration publique
-la défense de la démocratie

De façon plus concrète, Dilma Rousseff et le PT ne disposent désormais que d’une majorité fragile : le Parlement est divisé en 28 partis. Le 5 octobre, lors des législatives, le PT avait déjà perdu 18 sièges, passant de 88 à 70 élus. Il reste malgré tout majoritaire au Congrès, en restant allié avec le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), mais les conservateurs pointent le but de leur nez et il faudra composer avec.

Enfin, et c’est un point fondamental : la corruption, omniprésente, continue de plomber le pays. Son coût financier dépasserait les 25 milliards d'euros chaque année... L’affaire Petrobras, qui implique des membres du PT dans un vaste système de corruption politique au sein de l’entreprise pétrolière nationale, en est une bonne illustration. Elle a d’ailleurs été au cœur de la campagne présidentielle, et n’a pas fini d’empoisonner le pouvoir en place. L'enquête en cours devrait malgré tout déboucher sur des résultats concrets, mais si les soupçons se confirment, elle pourrait entraîner une crise sans précédent.

Et maintenant ?

Les défis sont innombrables. En priorité, le gouvernement de Dilma Rousseff va devoir s’attaquer au rééquilibrage des finances publiques, et faire preuve de discipline budgétaire en réduisant les dépenses de l’Etat. Il devra également améliorer l’ensemble des services publics de santé dans le pays, ainsi que le système éducatif et le réseau de transports.

Dilma Rousseff devra ensuite s’attaquer à plusieurs chantiers cruciaux :
- lancer une vaste réforme fiscale pour simplifier le système d’imposition du pays, complexe et coûteux 
 - continuer d'augmenter le salaire minimum
- contenir l’inflation : elle a déjà promis de la faire passer en dessous des 4,5 %
- retrouver la confiance perdue des milieux d’affaires et de l’ensemble du secteur économique, en redonnant le moral aux entrepreneurs.

Il y a donc du pain sur la planche ! Avec sa méthode et sa nouvelle équipe, Dilma Rousseff pourra-t-elle redonner de l'allant au Brésil ? Faudra-t-il passer par un virage de la rigueur 'à la brésilienne' ? À suivre. 

Fiche pratique 
PIB du Brésil en $ US courants : 2 246 milliards en 2013. 
Population : 200,4 millions d'habitants en 2013. 
7ème économie mondiale.