jeudi 19 août 2010

Actualité des parcs d'attraction français

Alors que Disneyland Paris a dévoilé mardi sa nouvelle attraction, Toy Story Playland, les parcs français semblent connaître cette année une embellie. L'analyse de Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.


Les performances d'Eurodisney au troisième trimestre sont encourageantes. Quels enseignements peut-on en tirer ?

Didier Arino : Je ne suis pas surpris par ces résultats. Le groupe est très souvent critiqué, mais les dirigeants sont de vrais professionnels. La crise de l'an dernier a été bien gérée, ils sont parvenus à contrer l'écroulement du nombre de visiteurs étrangers, pourtant plus dépensiers que les Français. Cette capacité d'adaptation est la force de Disney. Aujourd'hui, l'activité repart, et plus vite que dans les autres parcs. Leur principale préoccupation serait plutôt la gestion des queues...

Le problème de fond de Disneyland Paris n'est pas lié à la fréquentation, mais plutôt à son modèle économique. Le système de facturation est opaque, notamment lorsqu'il s'agit de l'organisation de parades, ou encore de la venue d'experts américains, à la moindre occasion. Les royalties reversées à la maison mère sont également trop élevées. Un autre enjeu important pour le groupe est la gestion du parc Walt Disney Studios, un parc raté dès le départ, avec de mauvaises finitions, et dont la qualité ne correspond pas aux standards de la marque. Mais dans sa globalité, l'univers de Disney en France est plutôt une réussite. L'arrivée de Toy Story Playland ne va rien révolutionner mais va renforcer le parc. Le renouvellement des attractions est d'ailleurs la première condition de la réussite dans ce métier.

Quelle est la situation actuelle dans les autres parcs d'attraction français ?

N'oublions pas qu'à lui seul, Disneyland Paris représente 50% du chiffre d'affaires du secteur. Mais celui-ci est globalement dynamique. A l'image du Futuroscope de Poitiers ou du Puy-du-Fou (Vendée) avec ses Ogres de Feu, les parcs français innovent sans cesse. On y trouve de vrais créatifs, qui sans disposer de budgets inconsidérés font de la "haute couture" : nous ne sommes pas dans l'industrialisation, la patte de l'homme est primordiale. Entre eux, les acteurs s'observent : il y a une vraie émulation, c'est pourquoi l'offre est de haut niveau. Avec 250 millions d'euros investis cette année (hors Disney), le secteur se montre offensif. Certains des sites ont quasiment atteint leur seuil de fréquentation. C'est le cas du PAL (parc animalier en Auvergne), avec près de 510 000 visiteurs l'an dernier, ou encore du Futuroscope (1,7 millions) et de Marineland à Antibes (1,2 millions). D'autres, comme Le Puy du Fou ou Vulcania (Auvergne) disposent encore d'une marge de progression. Bioscope (Alsace), quant à lui, ne décolle pas. Attendons cependant les chiffres à venir, car, pour la plupart des parcs, 70 % du chiffre d'affaires de l'année est réalisé en juillet-août. Cet été, la pluie est un élément perturbateur et les sites accusent aujourd'hui un léger retard.

Quels sont les nouveaux défis aujourd'hui ?

Il faut augmenter le panier moyen des clients, et donc le temps passé dans les parcs. Le public a évolué : avant, les visiteurs arrivaient à partir de 14h pour découvrir une attraction et s'en allaient. Aujourd'hui, la moitié d'entre eux arrive avant 13h. Il faut donc leur donner envie de rester et de consommer ! Le repère étalon est le ticket de cinéma : si les clients payent 10 euros et restent moins de 2 heures, ils sont insatisfaits; inconsciemment, ils désirent un équivalent temps au prix de l'entrée. L'autre objectif est d'atteindre 60 % de "repeaters" [ndlr : clients qui reviennent plusieurs fois] dans les deux ans à venir et de modifier régulièrement 15 à 20 % de l'offre, selon les parcs. Cela suppose de gros investissements.

Quelles sont vos prévisions pour cette fin d'année ?

Hors Disney, le secteur devrait connaître une hausse de fréquentation comprise entre 3 % et 5 % en 2010. Sur la même période, le chiffre d'affaires pourrait progresser de l'ordre de 10 %. La croissance sera ensuite plus modérée, mais n'oublions pas que les parcs français ont un gros potentiel !

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